vendredi 6 juin 2014

Onze moments mythiques de la Coupe du Monde - 10 : Le baiser de San Iker et Sara Carbonero

Cet article est le deuxième d'une série consacrée au moments récents les plus mythiques de la Coupe du Monde de football. Les autres sont accessibles sur cette page.


Pyrame et Thisbé


Les polémiques nées de conflits d’intérêts entre la proximité des journalistes avec le pouvoir sont légions. On se souvient ainsi des mises en retrait de Béatrice Schönberg ou Audrey Pulvar, lorsque leurs compagnons Jean-Louis Borloo et Arnaud Montebourg ont fait leurs entrées respectives au gouvernement. C’est également le lot du sport. On se souvient, en France, de la période où Raymond Domenech était sélectionneur et où sa compagne, Estelle Denis, présentait 100% Foot, sur M6, une émission durant laquelle le coach des Bleus était souvent brocardé par les chroniqueurs, Pierre Ménès et Dominique Grimault. Si le professionnalisme d’Estelle Denis permit pendant longtemps le bon déroulement de l’émission, c’est à Raymond Domenech qu’on doit le moment le plus célèbre de cette collusion : lors de l’Euro 2008, juste après l’élimination française à l’issue du dernier match de poules perdu face à l’Italie. Au micro que lui tendant un journaliste, le sélectionneur annonça que son seul projet était « d'épouser Estelle ». On imagine la gêne d’Estelle Denis reprenant l’antenne quelques instants pus tard.

En Espagne, c’est en 2010 qu’a lieu un incident équivalent. Sara Carbonero, jeune femme de vingt-six ans, est journaliste de la chaîne Telecinco, journaliste sportive. L’année précédente, c’est elle qui a couvert la Coupe des Confédérations, et, forte de son titre de « plus belle journaliste sportive du monde » décerné par le magazine FHM en 2009, elle devient la vedette du service des sports de Telecinco. Lors de la Coupe du Monde 2010, en Afrique du Sud, elle suit tous les matches de l’Espagne depuis le bord du terrain. L’équipe espagnole, la Roja, championne d’Europe deux ans plus tôt, est l’un des principaux favoris de la compétition, avec l'Allemagne et le Brésil.

Bienvenue au pays des soeurs Cruz.
Problème, dès le premier match, l’Espagne s’incline, un à zéro et à la surprise générale, face à la Suisse. Sara Carbonero se retrouve sous le feu des critiques, accusée par certains journaux d’avoir causé la défaite espagnole : sa présence au bord du terrain aurait distrait Iker Casillas, gardien et capitaine de la Roja. Car voilà : à la ville, Sara et Casillas sont en couple, et tout le monde a beau connaître le sérieux de l’implication de Casillas, n’importe quel homme ayant posé les yeux sur Sara ne peut que constater qu’elle peut distraire n’importe qui n’importe quand.

Dans la réalité, il n’en est rien, et Casillas, qui n’avait déjà pas grand-chose à se reprocher sur ce but encaissé face à la Suisse, n’encaissera qu’un seul autre pion de toute la compétition. L’Espagne, de son côté, battra le Honduras et le Chili en poules pour se qualifier au second, où elle éliminera successivement le Portugal, le Paraguay et l’Allemagne pour se hisser jusqu’en finale, où, au bout de la compétition, elle triomphera des Pays-Bas pour s’offrir son premier sacre mondiale. La Roja, éternelle favorite jamais titrée, souvent moquée et qualifiée de « championne du monde des matches amicaux », s’installera enfin sur le toit du football mondial. Pendant longtemps, l’Euro 1964 avait été le seul trophée de la sélection espagnole. Il fallu l’éclosion de la génération de Casillas, Xavi, Iniesta, Puyol et Sergio Ramos pour enfin dépoussièrer l’armoire à trophées et empiler l’Euro 2008, le Mondial 2010 et l’Euro 2012.

Ce n’est qu’au soir de la victoire espagnole que l’on réentendit parler de Sara Carbonero. Durant la compétition, elle s’était volontairement faite discrète, pour ne plus embarrasser Casillas. Elle avait même cédé son statut de principale vedette people à un mollusque, le poulpe Paul, pensionnaire de l’aquarium d’Oberhausen en Allemagne et auteur d’un sans-faute en pronostiquant sans aucune erreur tous les matches sur lesquels ses soigneurs l’interrogèrent, même la victoire finale de l’Espagne sur les Pays-Bas.

Tiens, une scène coupée de Game of Thrones !
C’est à l’issue de ce match, de ce succès difficile et cripant (un zéro pour l'Espagne, après prolongation et au terme d'un match musclé, âpre, tendu, parfois violent, même), que Sara se retrouve face à Casillas. Entre eux, un micro. Sara n’est pas, comme des millions d’Espagnols, entre train de fêter la victoire. Elle travaille. Face à elle, ce n’est pas son compagnon, c’est le capitaine de la Roja, et elle doit l’interviewer, lui, son Iker, auteur d'un arrêt décisif dans la partie face au Hollandais Robben. Casillas, médaille d’or autour du coup, joue le jeu, répond à deux questions. Puis craque, comme Domenech, et se jette sur Sara pour l’embrasser. Contrairement à Domenech, il avait gagné, et plus personne ne voulait savoir si oui ou non la présence de Sara au bord du terrain l’avait gêné. Les vainqueurs ont toujours raison.

L'acte : 



Note : Sara et Iker sont tous les deux attendus ces prochaines semaines, au Brésil, pour de nouveaux épisodes de leur love story. Sauf que cette fois, l'Espagne ne gagnera pas...

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