dimanche 8 juin 2014

Onze moments mythiques de la Coupe du Monde - 8 : Le coup-franc de Ronaldinho

Cet article est le quatrième d'une série consacrée à onze moments mythiques de l'histoire récente de la Coupe du Monde de football. Le reste du dossier est consultable sur cette page


La solitude.


En 2002, Ronaldinho n’est pas encore le plus grand gâchis du foot mondial, qu’il est devenu suite à son départ du Barça, alors qu’il n’avait que vingt-huit ans. Ce n’est même pas encore le meilleur joueur du monde, statut qui sera le sien grosso modo entre 2004 et 2007, durant son firmament barcelonais. En 2002, Ronaldinho est un jeune Brésilien très prometteur, qui s’est déjà signalé lors de la Copa America remportée en 1999 par les Auriverde, alors qu’il n’avait que dix-neuf ans, mais qui ne joue en Europe que depuis un an, au sein d’un PSG qui n’impressionne pas grand monde, et au sein de ce PSG quatrième de D1 (derrière Lyon, Lens et Auxerre), Ronaldinho, auteur de seulement neuf buts en championnat, ne brille que par intermittence.

Titulaire au sein de l’attaque de la Seleçao pendant le mondial 2002, il n’en est pas l’atout majeur, devant s’effacer derrière ses coéquipiers Rivaldo, ballon d’or en 1999, et surtout Ronaldo, qui signera lors de la compétition son grand retour en inscrivant huit buts et en s’adjugeant le titre de meilleur buteur. Mais Ronaldinho ne démérite pas, tenant dignement sa place dans le trident offensif d’une équipe du Brésil surtout solide en défense et au milieu du terrain.

Apocalypto II.

Lors du quart de finale qui oppose la Seleçao à l’Angleterre, le Brésilien rencontre David Seaman, trente-huit ans, gardien de but de la sélection anglaise et d’Arsenal avec lequel il vient d’être champion d’Angleterre, célèbre pour sa moustache et pour un but encaissé en finale de la Coupe des coupes 1995, face à Saragosse : un lob totalement impossible, réalisé par l’Hispano-Marocain Nayim, à la dernière minute des prolongations, venant donner la victoire à Saragosse :



Lorsque le Brésil obtient un coup franc excentré, côté droit, en début de la deuxième mi-temps, Seaman ne pense à Nayim. Il est vigilant. Parmi les Brésiliens, certains sont réputés bons joueurs de tête, comme les défenseurs Lucio ou Roque Junior, montés pour l’occasion, tandis que Ronaldo, déjà auteur de cinq buts dans le tournoi, rôde, à l’affût. Pour ne rien arranger, Ronaldinho, qui se prépare à tirer le coup-franc, est réputé bon centreur – Seaman n’a pas eu beaucoup d’occasions de le constater, mais il le sait. Il est sur ses gardes, il va falloir se lancer le plus vite possible vers le ballon, voler dans les airs pour essayer de s’en saisir avant les têtes brésiliennes.

L’arbitre siffle. Ronaldinho s’élance. Seaman fait quelques pas en avant, pour anticiper le centre. Le ballon part. Dès que le Brésilien l’a frappé, il s’est passé quelque chose d’étrange : le ballon est parti fort. Fort, et haut. A priori trop haut pour que quiconque puisse l’atteindre de la tête – d’ailleurs, attaquants et défenseurs, Brésiliens et Anglais stoppent leur effort. C’est le genre de centres trop longs qui terminent en sortie de but. C’est une occasion de gâchée pour le Brésil, alors que le score est toujours d’un partout. Sauf que…

Sauf que Seaman se souvient de Nayim. Il voit le ballon passer au-dessus de lui, puis redescendre très vite. Le premier, il comprend ce qui est en train de se passer. Il recule, à la hâte, puis saute, tente du bout des doigts de claquer le cuir au-dessus de la transversale. Peine perdue. Il est lobé, et le ballon entre dans le but. L’action est improbable : tout le monde s’attendait à un centre, d’ailleurs, ça ressemblait à un centre, à un centre raté, même, et c’est devenu un but, sans que personne ne touche la balle. Tandis que Seaman, vaincu, humilié, même, se débat avec le fantôme de Nayim, tandis que le Brésil se qualifie en remportant le match, une seule question est sur toutes les lèvres : Ronaldinho l’a-t-il fait exprès ?


Seman réconforté par David Beckham après la défaîte.

Tout et son contraire sera dit à ce sujet, chacun donnera son avis, coéquipiers, adversaires, commentateurs, et le joueur lui-même donnera des versions contradictoires, affirmant tantôt avoir juste raté son centre et été chanceux, prétendant plus tard avoir remarqué la position trop avancée de Seaman. Personne ne saura vraisemblablement jamais la vérité à ce sujet. 

Le coup franc :


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