samedi 8 août 2015

Blockbusteromètre : saison 1, épisode 2 - Jurassic World

Colin Trevorrow, 2015

Au tour du reboot de la saga historique Jurassic Park de passer à la moulinette du Blockbusteromètre. Histoire de voir qui, entre le film et ses dinos, est le plus préhistorique des deux.


Eeeeentre icii, Jeaaaan Mouliiin...


1 : Originalité nanarde du pitch : 4/10
Jurassic World est une suite de Jurassic Park 1, 2 et 3, avec, comme son nom l’indique, une légère touche d’innovation : au lieu d’en reprendre les personnages, elle en reprend l’univers. Soit l’idée d’un parc d’attraction qui serait un zoo pour dinosaures recréés grâce à la génétique. C’est dans ce cadre qu’évoluent les principaux personnages : deux jeunes frères venus passer quelques temps chez leur tante, une importante dirigeante du parc, ladite tante, et un ex de celle-ci, ancien Marine devenu dresseur de velociraptors. Et évidemment, les choses vont mal tourner.


2 : Efficacité du placement de produits : 3/10
Pas grand-chose à se mettre sous la dent pour les fans transis de Culture Pub, hélas. On notera quand même que le parc semble avoir un partenariat avec la firme automobile allemande Mercedes, comme en témoignent les véhicules utilisés dans le film, mais c’est à peu près tout, à part un bref insert sur un smartphone Samsung en train de sonner. Mais les logos des deux marques concernés ne sont pas du tout mis en valeur, et on a du mal à imaginer que les annonceurs aient dépensé une fortune pour apparaître dans le film. On se serait attendu à mieux.


3 : Quotient pyrotechnique : 5/10
C’est sans aucun doute le point fort du film : de bons effets spéciaux, qui font qu’on ne doute jamais de la réalité des dinosaures présentés à l’écran. Néanmoins, rien à voir avec la révolution qu’avait en son temps été le premier Jurassic Park. Et une fois l’émerveillement de retrouver les grosses bêtes passé, on reste clairement sur notre faim au niveau des scènes d’action. L’attaque des ptérodactyles ne fait pas assez de dégâts, les velociraptors jouent les utilités, et le moment le plus impressionnant du film (l’irruption du gros reptile marin) est dévoilé dès la bande annonce.


4 : Taux d’américano-centrisme : 5/10
Jurassic World se passe sur une île au large du Costa-Rica. Le parc appartient à un milliardaire visiblement d’origine orientale (l’acteur qui l’interprète est indien). Et Omar Sy fait partie de la distribution. Trois éléments rédhibitoires. Heureusement, dans le parc, tout le monde parle anglais. Non moins heureusement, les quatre héros sont tous américains. De quoi arracher in extremis la moyenne.

On a récemment appris que les dinosaures portaient des plumes, mais il semblerait que
les producteurs du film n'aient pas tellement adhéré à cette idée.


5 : Charisme du méchant : 6/10
Il n’y a pas, dans Jurassic World, de méchant à proprement parler. Misant plutôt sur l’accumulation d’antagonistes, et donc privilégiant la quantité à la qualité le film propose quelques personnages véreux et sans scrupule (le petit chef incarné par Vincent D’Onofrio) et une grande collection de monstres : un dinosaure aquatique géant qui fait office de deus ex machina, une nuée de ptérodactyles totalement sous-exploitée (alors qu’ils étaient la seule qualité du médiocre troisième opus de la saga), les traditionnels velociraptor (alliés ou ennemis des héros au gré des circonstances), l’inaltérable T-rex (qu’il réduit aux utilités) et un hybride génétiquement modifié, l’Indominus Rex (qu’il présente comme imbattable avant de lui faire connaître une fin minable). On voit bien, dans ce catalogue, la volonté de rendre hommage à l’inventaire préhistorique qu’avait constitué le premier Jurassic Park tout en y ajoutant un supercolosse (l’Indominus Rex). L’effet créé est plutôt celui d’une neutralisation des reptiles - le film ne raconte d’ailleurs pas autre chose.


6 : Coefficient d’incongruité scénaristique : 9/10
Voici un domaine où le film tape très fort. L’amourette entre Chris Pratt et Bryce Dallas Howard n’est crédible à absolument aucun moment, les gamins sont horripilants au possible (le teenager blasé accro à son portable et son petit frère de douze ans qui se conduit comme s’il en avait huit), le combat final se termine littéralement en queue de poisson, le joyeux épisode du lâcher de ptérodactyles n’est même pas conclu (une ahurissante coupe de montage nous fait passer du cœur de leur attaque à « la nuit venue, à plusieurs kilomètres de là » sans qu’on y revienne une seule fois), le héros, bien qu’il rate tout ce qu’il tente dès que les choses se mettent à se corser, est l’objet d’une admiration croissante de la part de tout le monde… C’est un quasi sans faute.


7 : Respect du quota de bimbos : 3/10
Ne nous méprenons pas. Bryce Dallas Howard, qui interprète le seul vrai rôle féminin du film est une excellente actrice (vue notamment dans Le Village de M. Night Shyamalan, Manderlay de Lars von Trier et Spiderman 3 de Sam Raimi) doublée d’une très belle femme, trop souvent injustement réduite à un statut de vague sosie de Jessica Chastain. Mais hélas pour elle, ça faisait plus de quinze ans qu’on n'avait pas vu une comédienne aussi mal sapée dans un blockbuster américain. Affublée d’une robe blanche qui se montre de bout en bout un défi à la logique, elle tente bien de sauver ce qui peut encore l’être au cours d’une scène où l’on ironise sur ses talons, et arrache ainsi trois petits points. Aidée par personne, c’était dur de faire mieux.


8 : Potentiel auteurisant : 3/10
Le réalisateur, Colin Trevorrow, n’a que trente-huit ans, et Jurassic World  n’est que son deuxième long-métrage pour le cinéma. Il est donc ardu d’émettre des pronostics quant à son avenir et à sa personnalité, d’autant que le pauvre se retrouve très vite écrasé par un cahier des charges monumental et le poids de succéder à Steven Spielberg (auteur des deux premiers films de la saga) auquel il se sent obligé de multiplier les références. On ne saurait que trop lui conseiller des projets moins démesurés à l’avenir.

Un poule et un couteau.

9 : Cultitude des répliques : 2/10
Pas grand-chose à se mettre sous la dent, on est vraiment très loin du Jurassic Park originel, qui multipliait les scènes mythiques et les dialogues passés à la postérité. Quelques tentatives d’humour un peu timides (dans une opération commando censée rétablir la situation suite à l’évasion de l’Indominus Rex, le propriétaire du parc lance à son escorte composée d’anciens de l’Afghanistan « Vous avez déjà vu votre général partir à l’assaut avec vous ? » cinq secondes avant de s’écraser en hélicoptère sur la serre aux ptérodactyles) et beaucoup de comique involontaire. Vraiment faible, surtout pour un film qui avait la possibilité de nous offrir un éclat de rire d’Omar Sy.


10 : Capacité de mutation en franchise : 9/10
Ne nous mentons pas : avec l’empire sur lequel il se dresse en tant qu’héritier d’une trilogie qui a ramassé une fortune, et son ahurissant succès au box-office mondial où il a déjà engrangé près d'un milliard et demi de dollars, Jurassic World a de sérieuses chances d’avoir vite quelques petits frères.



Score pop-corn global : 49/100

Juste en-dessous de la moyenne, on peut considérer Jurassic World comme repêchable à condition de ne pas avoir placé trop d’attentes dans ce reboot d’une saga riche de millions de fans. Prévoir un large seau de pop corn à partager avec son voisin, car le film se prête assez bien au jeu des commentaires en direct, et arroser ça de préférence avec du Finley (boisson pour laquelle Omar Sy fait de la retape). En cas d’absence de Finley, encore peu répandu dans les cinémas, se rabattre sur de l’Oasis.




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