Josh Trank, 2015
Vu comme ça, on dirait presque un remake de L'Apiculteur... |
1 : Originalité nanarde du pitch : 1/10
Enième adaptation Marvel, le film
nous rejoue le coup des héros qui, suite à une exposition à la radioactivité
(où tout autre phénomène approchant), se découvrent des superpouvoirs. Comme
Spiderman, Hulk, Daredevil, le Dr Manhattan ou les X-Men (bien qu’il y ait controverse à leur sujet). Cette fois-ci, ils sont quatre, ce sont donc les
Quatre Fantastiques, dans ce qui est déjà leur troisième transposition à l’écran
en vingt ans, après un nanar en 1994, et un navet en 2005 (qui avait eu une
suite deux ans plus tard). Rien de nouveau sous le soleil des superhéros, donc.
2 : Efficacité du placement de produits : 3/10
Alors que les opus de la décennie
précédente s’étaient signalés par un opportunisme de tous les instants en matière publicitaire, rien de trop visible ici, hormis une citation orale d’Instagram,
plutôt bien amenée, d’ailleurs. Cette sobriété est toutefois à tempérer par
le fait que le film soit lui-même une gigantesque publicité pour la série de
bande dessinée dont il est l’adaptation.
3 : Quotient pyrotechnique : 2/10
Pas grand-chose à se mettre sous
la dent là non plus, hélas. Pire, même : le film surprend par son peu d’action.
Et quand l’heure est enfin arrivée de se bagarrer (dans le cadre prometteur du
champ de force d’une autre dimension), les effets spéciaux sont tellement laids
et la scène tellement bâclée qu’on en ressort avec le sentiment de s’être
vaguement fait avoir.
4 : Taux d’américano-centrisme : 7/10
Dommage que l’un des héros (le
geek Reed Richards, futur Mister Fantastic) s’offre une escapade en Amérique
latine et que sa comparse Susan Storm soit une orpheline kosovare adoptée par
le bon docteur Storm, sinon, le film aurait obtenu un très joli score. Car tout
le reste est évidemment américain, dans les Fant4stiques,
et les laboratoires US sont évidemment (et de loin) les meilleurs du monde.
Cerise sur le gâteau : la première chose que font les futurs Fantastiques,
en mettant le pied dans l’autre dimension (qui engendrera leur mutation), c’est
d’y planter la bannière étoilée.
5 : Charisme du méchant : 2/10
La particularité du film, c’est
que durant sa plus grande partie, il n’y a pas vraiment de méchant. On croise
bien un jeune scientifique désagréable avec tout le monde qui écoute du Vivaldi
quand il déprime, et un chef de labo sans scrupule, mais ils ne font pas peur à
grand monde. Et c’est seulement dans le dernier quart du film que Victor Van
Doom se transforme en Docteur Fatalis et décide de détruire le monde. Problème :
une dizaine de minutes à peine après être apparu, il est déjà vaincu, sans que
personne n’ait vraiment eu le temps de trembler.
Le redoutable Dr Fatalis et sa non moins redoutable capuche. |
6 : Coefficient d’incongruité scénaristique : 6/10
Dans un déroulement apparemment
linéaire et sans surprise (le passage où Richards et Grimm sont enfants, voie
pavée de lieux communs…), on retrouve heureusement ici et là quelques petites
perles : les jeunes héros qui se retrouvent complètement ivres après avoir
bu quelques gouttes d’alcool seulement, le rôle complètement bancal tenu par
Susan Storm lors de leur premier aller-retour dans l’autre dimension, les
relations entre personnages complètement décousues, et surtout, le point d’orgue
que constitue l’arrivée gratuite du méchant et sa destruction immédiate – et c’est
déjà fini. Sans parler du casting, intégralement composé de comédiens largement
trop vieux pour leurs rôles.
7 : Respect du quota de bimbos : 4/10
Kate a beau être l’aînée des sœurs
Mara, elle n’en est pas moins dans l’ombre de sa cadette Rooney, et il est
difficile pour le spectateur en manque de dessous sexy de réprimer un soupir de
déception en s’apercevant que le film a choisi la mauvaise frangine (c’est un
peu comme être invité à une soirée où on annonce Cohn-Bendit et
voir débouler Gabriel au lieu de Daniel). La jeune femme a certes un joli
minois, la question n’est pas là, mais elle a dû mal à assumer sur ses seules
épaules le versant « charme » du film, surtout que toutes les pistes
de romances sont évacuées sitôt évoquées et que les occasions pour elle de se
mettre en valeur sont à peu près inexistantes.
8 : Potentiel auteurisant : 8/10
Josh Trank n’est pas n’importe
qui. Âgé de seulement 31 ans, il a derrière lui un premier film, Chronicle, qui a profondément divisé la
critique – il y était déjà question d’ados qui se découvrent des pouvoirs, preuve que le jeune homme a un univers assez cohérent. Ce
qu’on raconte du tournage des Fant4stiques
(qui aurait été émaillé d’un bout à l’autre de querelles incessantes entre
Trank et ses producteurs, lesquels auraient ensuite massacré le film au
montage) et l’approche du film, centré sur ces personnages plus que sur le
spectaculaire, laisse entrevoir un cinéaste doté d’une forte personnalité et d’une
patte certaine, mais qui n’a pas été capable de s’imposer face au rouleau-compresseur que peut être Hollywood. Espérons pour lui qu’il
rebondisse vite et qu’il continue à creuser cette veine ado et mutante avec davantage de
succès la prochaine fois. Sans producteur casse-couille pour l’empêcher de
laisser libre court à ses envies de grand récit.
Avec deux câbles et le cruciforme que lui a donné son pote, Mister Fantastic se balade où il veut. |
9 : Cultitude des répliques : 2/10
On ne va pas se mentir, Les Fant4stiques est à peu près
totalement dépourvu du moindre humour et meublé de quelques répliques qu’on
sent destinées à devenir mythiques mais qui tombent complètement à plat (« Docteur, vous misez gros sur ces gamins. –
Je ne mise pas gros, je mise tout. »
ou bien « De quoi avez-vous besoin pour le retrouver ? – De musique. »), tant elles sont
débitées avec premier degré. Pas grand-chose à retenir, donc.
10 : Capacité de mutation en franchise : 4/10
De quoi être partagé. Car d’un
côté, Les Fant4stiques fait partie de
l’immense catalogue Marvel, qui phagocyte l’industrie du blockbuster depuis six
ou sept ans maintenant, et donc il y a fort à parier que ce film est censé n’être
qu’un jalon parmi tant d’autres de la transposition des célèbres superhéros sur grand écran. Mais de l’autre,
contrairement aux aventures d’Iron-Man, Hulk, Thor ou Captain America,
produites par Disney, la destinée des Quatre Fantastiques est entre les mains
de la Fox, et il paraît donc compliqué pour Mister Fantastic et ses copains de
rejoindre rapidement les autres stars des comics dans leurs aventures
consanguines. Pour ne rien arranger, le film a fait un flop retentissant au
box-office, réalisant l’un des pires scores de l’histoire pour un film de
superhéros. Alors si on devait miser, on imaginerait bien la Fox vendre les
droits à Disney, et la firme de Mickey entreprendre un troisième reboot en quinze ans très
prochainement, pour enfin intégrer les Quatre Fantastiques à son écurie. Soit
exactement ce qui est en train de se produire pour Spiderman.
Score pop-corn global : 39/100
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